mardi 14 octobre 2014

Pour réviser les figures de rhétorique


Les figures de style

 
— La métaphore —

Du grec metaphora qui signifie transposition (méta : succession, changement, participation et phore : porter) : changement de sens par rapport de ressemblance, d'analogie. Comme la comparaison, la métaphore est constituée d'au moins deux éléments, parfois plus, à cette différence que dans la métaphore, la comparaison se fait dans l'esprit du lecteur et non dans les termes de l'énoncé.  Au lieu de dire  Il est fort comme un boeuf (comparaison), on dira : C'est un boeuf.

ex. :        Le rêve est un jambon
                Lourd
                Qui pend au plafond

Pierre Reverdy

— La métonymie —

Du grec metonymia qui signifie changement de nom : changement de sens par contiguïté logique (dans des rapports logiques de type contenu/contenant, cause/effet, etc.).  Trope qui permet de désigner quelque chose par le nom d'un autre élément du même ensemble, en vertu d'une relation suffisamment nette.

Du contenant au contenu : boire un verre (boire de l'alcool dans un verre); du contenu au contenant :je suis allé au hockey (allé voir une partie de hockey); de la cause pour l'effet : avoir une belle plume (avoir une belle écriture); de la matière pour l'objet : elle portait un vison (un manteau de vison); de l'instrument pour l'instrumentiste : un second violon (celui qui en joue); du lieu pour la chose :  un bon bourgogne (un vin de la région de Bourgogne) ; du physique pour le moral : un peu de cervelle (pour un peu d'intelligence).
 
Il existe une métonymie particulière nommée synecdoque : consiste en la désignation d'un objet par le nom d'un autre objet avec lequel il forme un ensemble, un tout abstrait ou concret. Elle peut utiliser la partie pour le tout, l’espèce pour le genre, l’abstrait pour le concret.

 
ex. : Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe
         Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur.

Hugo, Demain, dès l'aube.
— L'anaphore —

 
Répétition d'un mot ou d'un groupe de mots dans un ou plusieurs vers (souvent au début), dans une ou plusieurs phrases ou membres de phrases.

 
Ex. :                 Trouvez des mots forts comme la folie
                         Trouvez des mots couleurs de tous les jours
                         Trouvez des mots que personne n'oublie.

Aragon

 
L'anaphore rythme la phrase, souligne un mot, une obsession. On la range dans les figures dites d'insistance.
 
L'antithèse

 
L'antithèse juxtapose deux éléments de sens contraire dans un même énoncé.

 
ex. :        "Ver de terre amoureux d'une étoile, qui pour vous donnera son âme, s'il le faut ; et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut"

Hugo, Ruy Blas
 
Lorsque l'antithèse est condensée en une seule image, on l'appelle un oxymore

 
ex. :        Le soleil noir de la mélancolie.

Nerval, El Desdichado

 
 
— L'allégorie —

 
L'allégorie est une métaphore filée (métaphore à plusieurs points) qui ressemble souvent à la personnification, et qui est, très souvent également, le résultat d'une transposition.

 Ex. : La rêverie... une jeune femme merveilleuse, imprévisible, tendre, énigmatique, provocante, à qui je ne demande jamais compte de ses fugues.

André Breton, Farouche à quatre feuilles.

 
— L'allitération —

 L'allitération consiste en des retours multipliés d'un même son consonne dans une phrase, soit pour imiter l'action ou la chose décrite, soit pour musicaliser la phrase ou le vers.

 
ex. 1 :     Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes?

Racine, Andromaque. 

La répétition des s imite le sifflement des serpents.

 
On parle communément d’assonance pour qualifier le même phénomène mais sur des voyelles :

ex.    :              Les sanglots longs
                         Des violons
                         De l'automne
                         Blessent mon coeur
                         D'une langueur
                         Monotone.

Verlaine, Chanson d'automne.

 
La répétition des o et des on, comme, par la suite, celle des eur, contribuent à ralentir le rythme du vers et à lui conférer une sorte de monotonie.

— Le chiasme —

 
Semblable au parallélisme dans sa construction et dans ses conséquences sur l'effet produit, le chiasme est conçu comme un miroir.  On met un parallèle deux éléments (ou deux expressions) mais en renversant le second.  Les deux parties de l'énoncé ont ainsi une structure renversée, comme si le premier se réfléchissait dans un miroir.

 
ex. :         Et ce champ me faisait un effet singulier :
                Des cadavres dessous et dessus des fantômes;
                Quelques hameaux flambaient; au loin brûlaient les chaumes.

Victor Hugo
 

— Gradation —

 La gradation consiste à présenter une suite d'idées ou de sentiments dans un ordre tel que ce qui suit dise toujours un peu plus ou un peu moins que ce qui précède.

 
ex.  :        Va, cours, vole, et nous venge !

 
Corneille, Le Cid

 
ex.  :        Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
                Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous.

Verlaine, Green

— L'hyperbole —

 
Consiste à augmenter ou diminuer excessivement la vérité d’une chose pour que celle-ci produise plus d’impression.

ex : L'éternité pour moi ne sera qu'un instant
Rousseau 

 

      L'ironie —

 
Trope qui consiste à dire, par une raillerie plaisante ou sérieuse, le contraire de ce qu'on pense ou de ce qu'on veut faire penser.  Parfois drôle ou parfois cynique, elle vise presque toujours à tourner une chose ou une idée en dérision.  Elle peut également viser à tromper, à blesser ou à taquiner.

 
ex. :        Le prieur, déjà un peu sur l'âge, était un très bon ecclésiastique, aimé de ses voisins, après l'avoir été autrefois de ses voisines. Ce qui lui avait donné surtout une grande considération, c'est qu'il était le seul bénéficier du pays qu'on ne fût pas obligé de porter dans son lit quand il avait soupé avec ses confrères.

Voltaire, Essais sur les mœurs et l'esprit des nations

 
— La litote —

 
Figure qui consiste à dire moins pour dire plus.           

         Va, je ne te hais point (Corneille, Le Cid)            pour Je t'aime toujours.
        
 
L'euphémisme est semblable à la litote en ce qu'ils sont tous deux des figures d'atténuation.  L'euphémisme, cependant, sert le plus souvent à déguiser des idées désagréables ou odieuses.
 

ex. :        L'âge d'or pour la vieillesse

                              
— La périphrase —
 

Trope qui consiste à exprimer d’une manière détournée, étendue, et ordinairement fastueuse, une idée ou une chose qui pourrait être rendue d’une manière plus brève ou plus directe.

 
ex. :         C'était l'heure tranquille où les lions vont boire. (pour le soir)

Victor Hugo, Booz endormi.

— Le pléonasme —


Le pléonasme est une surabondance de termes donnant plus de force à l'expression.
 
ex : Monter en haut, ou descendre en bas

 

— Le parallélisme —

 
Le parallélisme présente une syntaxe semblable pour deux énoncés.  Il permet de rythmer la phrase et de mettre en évidence les deux éléments mis en parallèle pour les opposer ou les rapprocher.
 
ex. :    Par la joie, la beauté du monde pénètre dans notre âme. Par la douleur, elle nous entre dans le corps.

Simone Weil

ex. : Des trains sifflaient de temps à autre et des chiens hurlaient de temps en temps.

Raymond Queneau

 

samedi 11 octobre 2014

Précisions, aide et méthode pour la question sur corpus

Quelques précisions pour la manière de travailler une question sur corpus :

En quoi la forme du sonnet a-t-elle permis aux auteurs baroques de faire passer leurs leçons sur la vie et la mort ?


La question porte sur l'utilisation par les poètes de "la forme particulière du sonnet". Autrement dit, le seul élément à "décortiquer" est la structure particulière du sonnet, telle que nous l'avons étudiée en cours. Tout autre décorticage (les figures de style, par exemple) serait alors hors-sujet...
 
 
Votre travail pourrait donc s'organiser ainsi :
 
a) Réécrivez au brouillon tous les éléments qui font que le sonnet a une structure particulière :
- les quatre strophes
- l'opposition quatrains / tercets
- la volta, vers 9
- la chute ou pointe, vers 14
 
b) Etudiez la manière dont ces éléments de structure sont intéressants par rapport au thème baroque de la "leçon de vie ou de mort" dans les trois poèmes, toujours au brouillon :
- Est-ce que la leçon de morale se situe au vers 14 ?
- Comment leur leçon est-elle mise en valeur dans l'opposition des quatrains et des tercets ?
- quel rôle joue le vers 9 par rapport à cette leçon de morale ?
- et enfin, comment le fait d'utiliser un sonnet, soit une forme fixe très courte, permet de mieux exprimer la fuite du temps, ou la futilité de la vie ?
 
c) Vous parviendrez sans doute à trouver trois réponses différentes, soit trois particularités du sonnet qui permettent de mieux parler de la vie et de la mort. Chacune de ces trois réponses sera l'argument d'un paragraphe... argumenté, donc, que vous pourrez illustrer avec des exemples tirés de chacun des trois poèmes. Vous pouvez alors passer à leur rédaction.
 
 
Prenons un exemple :
 
- un des intérêts du sonnet est la présence de la chute.
- dans chacun des trois sonnets, la chute a un sens particulier, qui correspond à une "leçon" de vie ou de mort :
  • Ronsard : la chute permet de montrer l'universalité de la mort, de se moquer de l'hypocrisie des gens, de monter une égalité devant la mort, de dire qu'on ne doit jamais se réjouir de la mort d'autrui puisque tout le monde y passera, etc.
  • Chassignet : la chute reprend les quatre métaphores de la futilité de la vie, de son caractère éphémère : "Qu'une confle, un mensonge, un songe, une fumière" et elle les met en valeur, en créant une structure circulaire.
  • Marbeuf : la chute permet de revenir sur la futilité des "serments" qui ici représentent l'inconstance de l'homme, son caractère changeant, le fait qu'on ne peut pas se fier à lui.
- la structure du sonnet permet donc bien, par la présence d'une chute au vers 14, de mettre en valeur le thème baroque de la vie et de la mort.
 
Tous ces éléments vous permettent de rédiger un paragraphe argumenté selon la méthode que nous avons vue lundi : un argument précis répondant à la question, et trois exemples tirés des trois textes.