Les figures
de style
— La métaphore —
Du grec metaphora qui
signifie transposition (méta : succession, changement,
participation et phore : porter) : changement de sens par rapport
de ressemblance, d'analogie. Comme la comparaison, la métaphore est constituée
d'au moins deux éléments, parfois plus, à cette différence que dans la
métaphore, la comparaison se fait dans l'esprit du lecteur et non dans les
termes de l'énoncé. Au lieu de dire Il est fort comme un boeuf (comparaison),
on dira : C'est un boeuf.
ex. : Le
rêve est un jambon
LourdQui pend au plafond
Pierre Reverdy
— La métonymie —
Du
grec metonymia qui signifie changement de nom : changement de
sens par contiguïté logique (dans des rapports logiques de type
contenu/contenant, cause/effet, etc.).
Trope qui permet de désigner quelque chose par le nom d'un autre élément
du même ensemble, en vertu d'une relation suffisamment nette.
Du
contenant au contenu : boire un verre (boire de l'alcool dans un verre);
du contenu au contenant :je suis allé au hockey (allé voir une partie de
hockey); de la cause pour l'effet : avoir une belle plume (avoir une
belle écriture); de la matière pour l'objet : elle portait un vison (un
manteau de vison); de l'instrument pour l'instrumentiste : un second violon
(celui qui en joue); du lieu pour la chose :
un bon bourgogne (un vin de la région de Bourgogne) ; du physique
pour le moral : un peu de cervelle (pour un peu d'intelligence).
Il existe une métonymie particulière nommée synecdoque : consiste en la désignation d'un objet par le nom d'un autre objet avec lequel il forme un ensemble, un tout abstrait ou concret. Elle peut utiliser la partie pour le tout, l’espèce pour le genre, l’abstrait pour le concret.
ex. : Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe
Ni les
voiles au loin descendant vers Harfleur.
Hugo, Demain, dès l'aube.
— L'anaphore —
Répétition d'un mot ou d'un groupe de mots dans un
ou plusieurs vers (souvent au début), dans une ou plusieurs phrases ou membres
de phrases.
Ex. : Trouvez des mots forts comme
la folie
Trouvez des mots
couleurs de tous les joursTrouvez des mots que personne n'oublie.
Aragon
L'anaphore rythme la phrase, souligne un mot, une obsession.
On la range dans les figures dites d'insistance.
— L'antithèse —
L'antithèse juxtapose deux éléments de sens
contraire dans un même énoncé.
ex. : "Ver de terre amoureux d'une étoile, qui pour vous donnera son âme, s'il le faut ; et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut"
Hugo, Ruy Blas
Lorsque l'antithèse est condensée en une seule
image, on l'appelle un oxymore
ex. : Le
soleil noir de la mélancolie.
Nerval, El Desdichado
— L'allégorie —
L'allégorie est une métaphore filée (métaphore à
plusieurs points) qui ressemble souvent à la personnification, et qui est, très
souvent également, le résultat d'une transposition.
André Breton, Farouche à
quatre feuilles.
— L'allitération —
ex. 1 : Pour
qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes?
Racine, Andromaque.
La répétition des s imite le sifflement des
serpents.
On parle communément d’assonance pour qualifier le même phénomène mais sur des
voyelles :
ex. : Les
sanglots longs
Des
violonsDe l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Verlaine, Chanson
d'automne.
La répétition des o et des on, comme,
par la suite, celle des eur, contribuent à ralentir le rythme du vers et
à lui conférer une sorte de monotonie.
— Le chiasme —
Semblable au parallélisme
dans sa construction et dans ses conséquences sur l'effet produit, le chiasme
est conçu comme un miroir. On met un
parallèle deux éléments (ou deux expressions) mais en renversant le second. Les deux parties de l'énoncé ont ainsi une structure
renversée, comme si le premier se réfléchissait dans un miroir.
ex. : Et ce
champ me faisait un effet singulier :
Des
cadavres dessous et dessus des fantômes;Quelques hameaux flambaient; au loin brûlaient les chaumes.
Victor Hugo
— Gradation —
ex. : Va, cours, vole, et nous venge !
Corneille, Le Cid
ex. : Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et
des branches,
Et
puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous.
Verlaine, Green
— L'hyperbole —
—
L'ironie —
Trope qui consiste à dire, par une raillerie
plaisante ou sérieuse, le contraire de ce qu'on pense ou de ce qu'on veut faire
penser. Parfois drôle ou parfois
cynique, elle vise presque toujours à tourner une chose ou une idée en
dérision. Elle peut également viser à
tromper, à blesser ou à taquiner.
ex. : Le prieur, déjà un peu sur l'âge, était un très bon ecclésiastique, aimé de ses voisins, après l'avoir été autrefois de ses voisines. Ce qui lui avait donné surtout une grande considération, c'est qu'il était le seul bénéficier du pays qu'on ne fût pas obligé de porter dans son lit quand il avait soupé avec ses confrères.
Voltaire, Essais sur les
mœurs et l'esprit des nations
— La litote —
Figure qui consiste à dire moins pour dire plus.
L'euphémisme est semblable à la litote en ce qu'ils sont tous
deux des figures d'atténuation.
L'euphémisme, cependant, sert le plus souvent à déguiser des idées
désagréables ou odieuses.
ex. : L'âge
d'or pour la vieillesse
— La périphrase —
Trope qui consiste à exprimer d’une manière
détournée, étendue, et ordinairement fastueuse, une idée ou une chose qui
pourrait être rendue d’une manière plus brève ou plus directe.
ex. :
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire. (pour le soir)
Victor Hugo, Booz endormi.
— Le pléonasme —
Le pléonasme est une surabondance de termes donnant
plus de force à l'expression.
ex : Monter en haut, ou descendre en bas
— Le parallélisme —
Le parallélisme présente une syntaxe semblable pour
deux énoncés. Il permet de rythmer la
phrase et de mettre en évidence les deux éléments mis en parallèle pour les
opposer ou les rapprocher.
ex. : Par la joie, la beauté
du monde pénètre dans notre âme. Par la douleur, elle nous entre dans le corps.
Simone Weil
ex. : Des
trains sifflaient de temps à autre et des chiens hurlaient de temps en temps.
Raymond
Queneau