La méthode du commentaire littéraire
Il s’agit d’un exercice très
théorique, et particulièrement délicat. Pourtant, une fois le
« truc » compris, vous n’aurez aucune difficulté à analyser n’importe
quel texte : l’entraînement régulier reste le seul moyen d’y parvenir…
Commencez par vous demander
pourquoi on vous demande d’étudier ce texte précisément : il présente
forcément un intérêt particulier par rapport au traitement du genre, du thème,
du registre. A vous de trouver ce qui fait son originalité, ce qui le rend
différent des autres. Ce sera alors la base sur laquelle vous construirez votre
analyse, autrement dit, la problématique de votre étude.
I. Les repérages et la problématique :
La première lecture pose les questions
suivantes :
1.
A quel genre le texte appartient-il ? (récit,
poème, théâtre, conte…)
2. Quel est le type du
texte ? (descriptif, argumentatif, dialogué, narratif…)
3. Quel est le thème
du texte ? (amour déçu, première rencontre, conflit intérieur…)
4. Quel est le
registre du texte ? (tragique, comique, lyrique, ironique, épique…)
La deuxième lecture pose les
questions suivantes :
5.
Quels sont les procédés dominants employés par
l’auteur ? (comparaison, métaphore, contraste, figures de style…)
6. Quels sont les
champs lexicaux ?
7. Quel est le point
de vue ? (interne, externe, omniscient, intervention du narrateur…)
8. Quelle progression
le texte suit-il ? (chronologique, psychologique, par ruptures, strophe
par strophe…)
La troisième lecture pose les
questions suivantes :
9.
Quels effets se dégagent des relevés précédents ?
(suspense ménagé, perceptions opposées, réalité sous-jacente dévoilée…)
10.
Le texte suit-il réellement les règles habituelles du
genre ? Observez-vous une différence par rapport aux autres textes du même
genre que vous avez eu l’occasion d’étudier ? Qu’est-ce qui fait, selon
vous, l’originalité du texte ?
11.
Quelle est l’intention de l’auteur ? (suggérer un
jugement, une vision du monde, une esthétique…)
Après avoir effectué
ces lectures successives du texte, en avoir noté les conclusions sur votre
feuille de brouillon, reprenez votre texte et faites-en une nouvelle lecture,
lente et attentive. Demandez vous alors si vous le voyez sous un jour nouveau,
si toutes les zones d’ombre ont été éclairées par vos analyses précédentes. Si
ce n’est pas le cas, reprenez point par point les passages encore complexes,
ceux dont vous ne voyez pas l’intérêt ou le sens, et posez-vous à nouveau les
questions précédentes.
Votre analyse est
terminée lorsque l’ensemble du texte vous semble limpide, que tous les éléments
peuvent être intégrés dans votre plan.
Vous pouvez alors en
une seule phrase résumer l’intérêt du texte. Il vous suffit de transformer
cette phrase en question pour obtenir votre problématique.
II.
L’élaboration du plan :
Le plan d’un commentaire composé : il s’agit de
présenter les deux, trois ou quatre éléments fondamentaux dégagés par les
lectures du texte, tout en assurant une progression.
On commence le plan par le plus évident, ce qui
ressort à la 1ère lecture (thème simple, description évidente…).
On continue le plan par ce qui n’apparaît qu’à la
2e ou 3e lecture (arrière-plan du thème, construction
cachée…).
On termine le plan en définissant l’effet global
produit, la portée du texte, l’écriture de l’auteur…
Pour l’élaboration du
plan, on pourra s’aider des renseignements éventuels fournis par le libellé du
sujet.
Une
fois votre plan construit, vérifiez-en la validité en vous demandant s’il
répond entièrement à votre problématique initiale, et s’il aborde tous les
aspects du texte.
III.
L’introduction et la conclusion
L’introduction sert d’ouverture au devoir. Elle suppose que le texte ne soit pas connu
par le lecteur du commentaire et doit donc comporter :
a)
la référence à l’auteur et au titre de l’œuvre
b)
la présentation générale du texte (situation dans
l’œuvre, action principale…)
c)
l’annonce du plan adopté dans le devoir, sans
démonstration ni citation.
Ne commencez
jamais votre devoir par des considérations d’ordre trop général : pas de
« De tout temps… », « Tous les auteurs ont un jour… »,
« Tout le monde connaît bien… » etc : souvent ces approximations
sont d’une part fausses, d’autre part utilisées par tous les candidats à tort
et à travers. Soyez original, inventif. De la même manière, bannissez toute
biographie exhaustive de l’auteur, ou encore toute précision du genre :
« Ce très grand auteur », « Le fameux Voltaire », « Le
plus grand des dramaturges », etc.
La conclusion
fait le bilan du devoir. Elle doit comporter :
a)
la synthèse de l’analyse faite dans le devoir
b)
une ouverture en direction de l’auteur ou du genre
auquel appartient le texte ou d’un problème littéraire plus général.
Attention : il
vaut mieux ne pas faire d’ouverture, et vous contenter d’un bilan approfondi du
texte, plutôt que de terminer sur une ouverture « bateau » : ce sera
sur cette dernière impression que votre correcteur restera… Autant qu’elle soit
bonne, et que les subtilités de votre analyse ne soient pas gâchées par une fin
trop banale ou inintéressante.
IV. Rédaction du commentaire
A.
Votre démonstration
doit être organisée.
La disposition sur la feuille de votre
commentaire doit faire apparaître clairement les grandes étapes de votre
raisonnement : comme d'habitude, sautez au moins deux lignes pour séparer
introduction, développement et
conclusion.
Passez au moins une ligne entre vos grandes
parties que vous relierez obligatoirement par une phrase de transition. Faites
un alinéa pour chaque sous-partie. Souvenez vous que la clarté de votre
devoir reflète toujours pour le correcteur la clarté de votre analyse, et lui
facilite d’autant le travail.
Pensez à utiliser des connecteurs logiques
(conjonctions, adverbes…) pour marquer avec clarté les différentes étapes de
votre raisonnement.
B. Vous soignerez le style.
Exprimez-vous
avec clarté et bannissez absolument de vos copies :
-
la
paraphrase qui consiste à réécrire exactement avec votre style ce que l’auteur
écrit déjà… et sans doute mieux que vous !
-
le
verbiage : « blabla » sans intérêt dans lequel vous faites part
de vos états d’âme ou de vos élucubrations plus ou moins justifiées.
-
le
jargon. Privilégiez toujours la clarté et la simplicité de l’expression à une
accumulation de termes abstraits dont vous maîtriseriez mal l’orthographe, le
sens, ou l’emploi.
C.
Vous citerez
systématiquement le texte.
N’oubliez
pas que seule la citation du texte autorise les observations ou les analyses
que vous en faites. Pensez donc à citer le texte à chaque fois que vous
vérifiez une hypothèse ou tirez une déduction.
Vos citations doivent impérativement
être :
-
courtes
-
précises
-
entre
guillemets
-
avec
une référence
V. Relecture finale
Essentielle,
bien sûr. Vous devez en tenir compte dans votre planning initial, en lui
réservant les dix dernières minutes du temps qui vous est imparti. Faites une
première relecture en vous focalisant uniquement sur les fautes d’orthographe,
les oublis éventuels de mot, les passages que vous auriez passés à l’effaceur
sans les compléter derrière, etc.
Puis
faites une deuxième relecture, en vérifiant cette fois la construction
grammaticale de vos phrases, l’orthographe des auteurs et des titres cités, et
en soulignant tous les titres donnés dans votre devoir. Ne vous mettez pas
en tête au dernier moment de modifier entièrement votre introduction et votre
conclusion : vous prendriez le risque de ne pas pouvoir les terminer, ou
de les rendre plus confuses encore. Contentez vous, si besoin est, de corriger
éventuellement la formulation de votre problématique afin qu’elle soit en
accord avec votre commentaire et votre conclusion finale.
Chère Alexandra,
RépondreSupprimerDans la partie C, que signifie "avec une référence"
Merci d'avance
Laura
Bonjour Laura !
RépondreSupprimerCe dernier point s'applique aux citations qui seraient hors texte (en intro ou en conclusion, par exemple). Par référence, j'entends "source" - donc un nom d'auteur ou un titre.
Pour les citations dans le corps du commentaire, nul besoin de référence puisque vous citez le texte, bien sûr.
Bon courage et bonne journée !